Ouvre les yeux

Consentement Respect

Depuis #MeToo, on parle beaucoup de consentement. Et c’est une avancée précieuse.

Le mouvement a mis des mots sur des situations qu’on connaissait mais sans jamais les nommer, et on a ouvert les yeux, de PPDA à P Diddy, les affaires se bousculent dans les journaux. Le temps de l’omerta touche à sa fin. Tant mieux.
Si certaines personnes ont pu se sentir un temps dépassé.e.s, voire penser qu’iels n’avaient plus le droit de s’exprimer, c’est surtout qu’iels ont senti un basculement, un déplacement des frontières et de remises en question sur notre place dans la société.
Apprendre à demander, à respecter, à écouter, ce n’est pas optionnel.


Ici, il ne sera pas question de soumission, ni drogue, ni hypnose, ni de ces histoires glauques qu’on lit dans les faits divers.
Les médias s’en chargent très bien, sauf CNews et le groupe Bolloré( ou Stérin) mais ça, c’est une autre histoire.
Ici, on va parler de ce qui se joue tous les jours, au travail.
Des scènes minuscules. Celles qu’on croit “anodines”.
Celles où le consentement disparaît sans qu’on y prête attention, mais lorsqu’il manque, se fait sentir.

Calendriers et réunions

« Parfois j’ai trois invitations à des réunions en même temps, ça me rend dingue.
Quand on envoie une invitation, il y a un outil tout bête : l’assistant de planification.
Il permet de voir si la personne est disponible.
Mais certain·e·s cliquent au hasard, sans vérifier.
Résultat : des réunions qui se chevauchent, des demandes sorties de nulle part.
Je ne suis pas devin, ni doté du don d’ubiquité. »
Le consentement, ce n’est pas balancer une invitation “par défaut”.
C’est vérifier la disponibilité, donner du contexte, et respecter le temps de chacun.

Photos et Réseaux sociaux

« J’étais en réunion, lundi matin pour définir les priorités de la semaine

Le boss sort son téléphone et clic, nous prend en photo, en visio.
J’étais en train de parler, pas tellement à mon avantage, sympa.

A peine une heure plus tard, je me découvre sur son post LinkedIn : “Super moment d’équipe !”

Pas un mot pour me prévenir, pas une question.
Ok, j’ai signé un papier à mon arrivée il y a 10 ans, droit à l’image.
Je pensais que les photos étaient réservées au cadre strict de l’entreprise.
Linkedin, c’est à la frontière du pro et du perso.

Et je n’aime pas mon image exposée comme ça.
Une simple demande aurait suffi.
»
Le consentement, ça commence par demander : “ Ça va à tout le monde si je prends une photo ? ”

Réunions enregistrées

« Je me connecte en visio, comme d’habitude.
J’avais préparé la réunion,
je devais intervenir sur le plan Esther, j’étais un peu stressé.e,
Mon comex member était présent, je ne le connaissais pas , ni même jamais eu l’occasion de lui dire bonjour.

Une fois mon pitch fini, je vois une petite icône rouge : la réunion est enregistrée.

Personne ne nous a prévenus.

Nos visages, nos voix, nos propos vont rester quelque part.

Je me sens pris au piège.
»

Le consentement, ce n’est pas cliquer “Join meeting” sans savoir.
 C’est être informé et avoir le choix.

Appropriation d’idée ou de travail

« J’ai partagé une idée en réunion, j’ai préparé un discours, son powerpoint. J’ai travaillé dessus une bonne partie de la nuit?.
Quelques jours plus tard, je lis un article sur un blog.
On remets mon discours tel quel, on a juste pris soin de retirer une image que j’avais glissé sur le pdf.
Mon nom a disparu.

Je n’étais pas au courant.

C’est comme si mon travail avait été avalé.

Je me sens dépossédé.e, invisibilisé.e.
»
Le consentement, c’est aussi demander avant de partager le travail d’autrui et reconnaître son auteur, à défaut le mentionner.

Afterworks

« Jeudi soir, on sort tous ensemble !” dit le manager en riant.

Tout le monde rigole, sauf moi.

J’avais prévu autre chose, j’ai déjà du mal à allier vie pro et vie perso, mais cette fois ci, j’avais des projets.

J’y vais pour faire comme tout le monde, je souri.e.s, mais je n’ai pas le cœur à ça.

Être ensemble, ça ne se décrète pas.

»
Le consentement, c’est pouvoir dire non sans culpabiliser.

Données personnelles

« Je viens de faire mon 1to1 avec mon manager. Je lui ai confié des trucs persos. Il a pris des notes dans un confluence, sans restriction.

Tout le monde peut avoir accès à mon nouveau numéro de téléphone perso, entre autre.
C’est malin.
C’est mes données privée
s
Je me sens envahi.e. »
Le consentement, c’est demander avant de diffuser ce qui m’appartient.

Mon espace, mon corps

« Chaque matin, il me fait la bise pour me dire bonjour.
Le covid avait éliminé ça, et au nom des rapports humains, la pratique revient en force dans l’openSpace.
Je déteste ça.

Pour lui, c’est sympa.

Pour moi, c’est intrusif.

Je me raidis à chaque fois, mais je n’ose rien dire, car lorsque je le dis, je gêne.
Le corps n’est pas un terrain neutre.

»
Le consentement, c’est respecter les limites de chacun.

Avant de conclure, et même si cette liste n’est pas exhaustive ( on aurait pu y ajouter les réunions en dehors des heures de travail, les exemples sont nombreux), un point commun se dessine : une ligne franchie sans qu’on ait demandé.
Il existe des pratiques plus graves, à caractère sexuel ou discriminatoire, où le consentement devrait être une évidence.
Mais, même dans les situations banales, une règle reste claire : le consentement n’est jamais implicite. Il peut évoluer et, on a toujours le droit de changer d’avis.

Si vous vous sentez dépassé·e·s, nous sommes là pour écouter, conseiller, accompagner : qu’il s’agisse d’une simple discussion, d’un signalement via la plateforme Roger, ou d’un appui juridique, Ne restez pas isolé·e·s.

Parce que travailler ensemble, c’est d’abord se respecter.
Ma liberté s’arrête là où commence celle des autres.

Pour aller plus loin :

https://www.arteradio.com/son/ceder-n-est-pas-consentir

https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/12/15/250-professionnels-de-la-presse-de-la-television-et-de-la-radio-alertent-l-hyperconcentration-des-medias-est-un-fleau-mediatique-social-et-democratique_6106076_3232.html

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-zoom-de-la-redaction/deconnecter-un-droit-que-certains-auront-du-mal-a-appliquer-2237114

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