
Humeur
On s’était installé·es comme tous les mois, sans trop d’espoir, dans une salle devenue trop banale. Quatre écrans qui ne servaient plus vraiment, pour une AG de plus… la routine.
Encore des chiffres, encore des slides bien trop lisses, parfois même mal maîtrisées.
Toujours la même impression : notre boîte, une machine financière, avec ses procédures, ses prestataires par centaines, ses procès contre celles et ceux qui osent dénoncer pour vous sécuriser et vous protéger. On ouvre le bal avec une déclaration pour soutenir nos camarades de GRA.
Rien de bien neuf, ne jamais renoncer, il faut tenir, pour qu’un vrai sursaut de conscience voie enfin le jour sur ce site.
Et puis vers 17h30, il est arrivé, en toute modestie, sans chemise amidonnée ni chaussures à bout carré. Juste quelqu’un qui vient nous parler : notre fondateur.
Quand la parole remplace les slides
La question n’est pas de savoir si on l’apprécie ou non. Dans le cadre professionnel, ça n’a pas de sens. Mais il faut admettre qu’il ne laisse personne indifférent. Parce qu’il s’exprime autrement, sans artifices. Cette fois, il a laissé tomber le PowerPoint. Et, mine de rien, ça changeait.
On a eu le sentiment qu’il avait parlé avec son âme. Cette boîte, c’est la sienne ; ce qui s’y passe le touche. Ça s’entendait, ça se ressentait. Comme nous, quand on défend nos valeurs.
Alors oui, certain·es y verront un aveu d’échec. D’autres diront qu’il s’est entouré des mauvaises personnes. Mais pour nous, l’espace d’un instant, on a rangé les armes. On a cru qu’il restait encore quelque chose à sauver : une passion fragile, mais encore là.
On l’a dit et on le répète, la passion a ses limites. Et on ne changera pas d’avis. La culture d’entreprise ne se décrète pas, elle se transmet d’humain à humain.
On n’est pas dupes. Demain, la machine reprendra : les rigidités, les ordres venus d’en haut sans autre but que de briller. Et nous, on continuera de les combattre.
Mais aujourd’hui, dans cette salle, il s’est passé autre chose. Un moment suspendu, presque de tendresse. Oui, on peut paraître un peu guimauves. Mais on n’a rien de mauviettes.
Et les chiffres ? On les regardera le mois prochain. Et ça, oui, ça fait du bien.