
Entretien annuel
Camarades,
Dans les grandes lignes, l’entretien annuel c’est surtout :
- Une évaluation en % : réduire un an de travail collectif à un chiffre, c’est nier la complexité et la richesse de nos métiers.
- Un projet professionnel : rarement lié aux aspirations du ou de la salariée, mais aligné sur les besoins immédiats de l’entreprise.
- Un plan de développement 70/20/10 : « 70 % sur le tas, 20 % entre collègues, 10 % en formation ». Traduction : apprenez seul·es, sans vrais moyens.
- Une signature électronique obligatoire : présentée comme une formalité, mais qui peut valider tacitement des désaccords.
- Un bilan à 6 ans : case administrative imposée par la loi. Mais pourquoi pas à 10, 20 ou 30 ans ? La vraie reconnaissance des carrières longues reste absente.
⚠️ En cas de conflit, entretien disciplinaire ou demande d’évolution, cet entretien devient une pièce de votre dossier passée au crible. Il est donc très important de ne pas se laisser piéger par de la « bienveillance » de surface.
🚨 Les pièges à éviter
- Auto-évaluation biaisée : le syndrome de l’imposteur pousse beaucoup de personnes à se sous-estimer. Et c’est prouvé, les personnes touchées sont plus particulièrement les jeunes, les femmes, les minorités et les collègues revenant d’arrêt. Gardez en tête que ce n’est pas un examen, mais un document RH qui peut peser lourd.
- Documenter les obstacles : mentionnez les difficultés rencontrées, telles que la surcharge de travail, le manque de ressources, les outils inappropriés ou le manque de formation et d’accompagnement.
- Notation chiffrée : réduire un an de travail en équipe à un simple pourcentage est réducteur, voire injuste. Un chiffre ne pourra jamais évaluer ni un engagement, ni un collectif.
- Objectifs irréalistes : souvent utilisés pour justifier des évaluations négatives.
- Formation 70/20/10 : cette approche privilégie l’apprentissage sur le tas et, souvent, sert d’alibi pour ne pas financer de vraies formations adaptées.
- Signature électronique obligatoire : présentée comme une formalité, elle peut être utilisée pour valider tacitement des évaluations avec lesquelles vous n’êtes pas d’accord.
- Bilan à 6 ans : case administrative imposée par la loi. Ce n’est pas une vraie reconnaissance de l’ancienneté, sinon, pourquoi n’y a-t-il pas de moment privilégié pour dresser le bilan des 10, 20 ou 30 ans ? Les carrières longues mériteraient un suivi réel, pas juste une case à cocher.
À savoir en cas de retour d'arrêt :
Que vous reveniez d'un congé maternité, paternité, parental, d'une longue maladie ou d'un accident du travail, le Code du travail vous protège :
Rattrapage salarial : à votre retour, vous devez bénéficier des augmentations générales et de la moyenne des augmentations individuelles perçues pendant votre absence par les salarié·es de la même catégorie professionnelle ou, à défaut, dans l'entreprise.
Évolution professionnelle : vous avez droit à un entretien professionnel consacré à vos perspectives d'évolution, notamment en matière de qualifications et d'emploi.
Reconnaissance de l'ancienneté : elle est prise en compte pour le calcul de vos droits, tels que les congés payés et les primes.
🎓 Nos conseils
- Valorisez vos réussites
et inscrivez vos réalisations concrètes (projets menés, objectifs atteints, problèmes résolus…). Ne minimisez pas ce que vous avez fait.
- Ne vous sous-évaluez pas
: la modestie est une qualité humaine, mais dans un entretien RH, elle peut se retourner contre vous. Attention aux formules comme « j’ai juste fait mon travail ». Si vos contributions sont minimisées et que vos obstacles sont ignorés, cela pourra justifier des choix managériaux arbitraires dans certaines situations.
- Parlez aussi des problématiques rencontrées
: charge de travail, manque d’effectifs, outils défaillants, consignes contradictoires, absence de « 1to1 »… Inscrivez-les noir sur blanc. Ce sont des faits, pas des excuses.
- Mettez en avant le collectif
, le travail n’est jamais seulement individuel. Soulignez la coopération, le soutien entre collègues, la solidarité.
- Gardez une trace
: conservez une copie de votre auto-évaluation et de l’entretien. Ce document pourra vous protéger en cas de contestation. Ce qui n’est pas écrit n’existe pas.
- Ajoutez vos remarques : la signature ne vaut pas accord si vous écrivez vos réserves.
Rappel :
Vos données personnelles ne sont pas une variable RH : santé, famille, origine… Il est interdit de les collecter ou de les utiliser pour vous évaluer. Elles n’ont rien à faire dans Talentsoft ni ailleurs (Confluence).
Et la rémunération ?
Ne soyons pas dupes : un bruit court que les augmentations FY26 sont décidées depuis juin. Autrement dit, pendant qu’on vous dit que « tout est ouvert à discussion », le verrou semble déjà posé. Alors oui, parlons salaires et parlons-en fort ! Mais tout au long de l’année, un peu comme votre classement dans la « ninebox ».
Et demain ?
Les données issues de ces entretiens alimenteront les négociations sur la GPEC . Préparer son entretien, c’est aussi peser collectivement dans ces discussions pour obtenir de vraies avancées.
En conclusion, bien que ce soit une étape obligatoire de l’année, l’entretien annuel n’est pas neutre. C’est un outil pour consigner vos besoins et défendre vos droits. Préparez-le, documentez tout et transformez-le en levier collectif pour les futurs accords.
La CGT est là pour vous accompagner à chaque étape.
SOURCES :
https://www.hellowork.com/fr-fr/medias/negocier-salaire-entretien-embauche.html