Bourse– Capitalisme
Il paraît que le cours de bourse est capricieux.
Qu’il monte, qu’il descend, qu’il vit sa vie.
Un peu comme la météo.
Sauf que la météo, n’a pas d’ego.
On se rappelle bien de l’introduction en bourse.
La cloche,
18,50 € par action.
Un prix sérieux.
Le titre grimpe même au-dessus des 20 € dès les premiers jours,
pour flatter les actionnaires et rassurer les équipes.
«
_ Regardez, ça marche.
_Regardez, le futur est radieux !
»
On s’est tous pris à rêver.
Nous aussi, on l’aurait notre part du gâteau.
Comme la caissière d’Auchan, sacrée success story.
Puis, très vite, l’euphorie retombe.
Le cours plonge.
Mois après mois.
De 28 € vers une zone plus terre-à-terre, autour de 14 €.
La réalité s’invite au conseil d’administration.
La chute s’accélère.
Fortement.
Sérieusement.
L’action perd plus de 60 % de sa valeur.
De 20 €, on passe sous les 10 €, et sous les 5 €.
On appelle ça un ajustement de marché.
Traduction :
sortie de fonds des décisionnaires au mauvais moment,
Communication hasardeuse, résultats peu convaincants, perte de parts de marché.
et des salariés priés de rester calmes et puis « on ne leur a rien demandé après tout ».
Vers le printemps 2024,
Le marché se persuade que la boîte est solide,
L’ EBITDA grimpe.
Une offre de rachat autour de 9 €, pour soutenir le titre.
Comme un coup de démarreur,
pour une vieille voiture qui tousse.
Bonne nouvelle tout de même :
un retour laborieux et furtif dans le SBF 120.
Preuve officielle que « tout va mieux ».
Pendant ce temps-là, Guillaume comptait.
Guillaume n’est pas « key people ».
Pas dans le sens du LTIP.
Pas dans le sens actions gratuites.
Mais Guillaume a donné.
Il était là pendant le sold out.
Il était là pendant la panne réseau à SBG.
Il était parti bien avant que d’autres ne décollent en jet, pour affirmer que « tout est sous contrôle », lors de l’incendie
dans sa Nevada avec Thomas et Laurent.
Guillaume, lui, travaillait.
Pour de vrai.
Sa vie avançait.
La vraie.
Une famille qui s’agrandit.
Un quartier qu’ il connaît.
Des enfants à l’école « Jean Jaurès », remplie de copains.
Des goûters d’anniversaire.
Des invitations collées sur le frigo.
Et puis son propriétaire annonce qu’il revend l’immeuble.
Deux choix :
Déménager.
Ou racheter.
Déménager ?
Pas le moment, vraiment pas le moment.
Alors Guillaume fait ce que font les gens responsables :
il compte chaque centime.
Il ouvre ses tableaux.
Il gratte son épargne salariale.
Il optimise.
Il calcule.
Il se dit que c’est maintenant ou jamais.
L’apport ?
Son épargne salariale.
Son banquier était partant.
Construite euro après euro.
Grâce à son travail, aux efforts collectifs et aux sacrifices.
Grâce à cette entreprise qui allait mieux.
L’action était remontée.
Doucement.
Laborieusement.
Et là…
BIM
En 24 heures, l’imprévisible.
De 14 € à 6 €.
Projet détruit.
Apport pulvérisé.
Rêve dissous.
Mais qu’on se rassure.
Il y a une justification.
Guillaume l’a lue.
« Parce qu’au sommet, on avait besoin de liquidités. »
Pas pour manger.
Pas pour se loger.
Pour les affaires et les urgences…financières.
Un profond dégoût.
Un silence.
Et non, Guillaume ne s’y attendait pas.
Parce que l’année dernière, c’était déjà arrivé.
La même histoire.
Les mêmes oups.
Et les mêmes promesses :
« C’était une erreur.
On ne le refera plus.
On n’avait pas compris que le cours allait chuter autant. »
D’accord.
On peut être novice.
On découvre.
On apprend.
On se trompe.
et puis, on se dit qu’ « on peut perdre une carte…
mais on peut pas perdre quinze cartes. » – Jeff Tuche
Si seulement, …
Le banquier appelle Guillaume, lui précise que son apport avait fondu comme neige au soleil,
qu’il ne sera pas possible de le suivre dans ces conditions.
Et pendant que la famille se refinançait,
Guillaume devait expliquer à ses enfants
que finalement,
oui,
il faudra déménager
et probablement quitter le quartier.
Il paraît que tant qu’on n’a rien vendu, on n’a rien perdu, … sauf nos rêves et nos illusions.
« Les key people prennent des risques », on nous a dit…
Oui, et NOUS, on y a mis toutes nos économies,
ça compte aussi ?
Toute ressemblance avec des personnes ou des événements existants (ou ayant existé) serait purement fortuite.
SOURCES :
https://finance-heros.fr/sbf-120
https://www.insiderscreener.com/fr/entreprise/ovh-groupe-sa