IA – Transition – Humanité
Nos commerciaux sont revenus de séminaire, sourire accroché et badges encore au cou.
Dans les salles de réunion, les mêmes mots résonnent, répétés comme un slogan de pub : « IA générative ».
Une semaine d’ateliers et de présentations qui a laissé derrière elle une impression persistante, presque hypnotique.
Sur le terrain, c’est la même musique. Le terme revient sans cesse, parfois avec curiosité, souvent avec crainte.
On nous promet que l’intelligence artificielle va tout résoudre : le sous-effectif, la surcharge ou encore la gestion des carrières. La nouvelle grand-messe de l’entreprise. Mais soyons honnêtes : qui, aujourd’hui, coche vraiment toute sa « to-do list » avant la fin de la journée ?
Oui, l’IA peut aider. Mais cela ne change rien à l’urgence : il faut réfléchir à comment l’utiliser correctement, sans que personne ne reste sur le carreau. Car derrière les grands discours, il y a des visages, des parcours, des vies. Et la vague, elle, n’attendra pas.
Une révolution à vitesse accélérée
L’humanité a déjà connu des révolutions technologiques.
📖 Gutenberg a mis un siècle à diffuser le savoir.
🌐 Internet, une vingtaine d’années pour s’imposer.
🤖 L’IA, elle, ne mettra que quelques années.
Elle s’invite déjà dans nos outils, nos métiers, nos décisions. Ce qui, hier encore, paraissait abstrait est devenu omniprésent : le mot « ChatGPT » revient cinquante fois par jour. Mais si nous ne posons pas de garde-fous, cette vague risque de submerger tout le monde… des salarié·es jusqu’à la planète !
Former, accompagner, anticiper
On ne peut pas laisser cette responsabilité sur les épaules des travailleuses et des travailleurs. La formation et le droit à l’évolution doivent être collectifs, structurés, garantis… avec un soutient du management à tous les niveaux.
On nous dit souvent que « la formation arrive ». Sauf que le terrain, lui, ne met jamais sur pause.
Résultat : les salarié·es s’autoforment, souvent le soir, parfois la nuit, entre deux lessives ou un dîner vite avalé.
Mais la formation n’est pas un bonus. C’est un droit collectif, essentiel pour réussir cette transition.
Si l’entreprise promeut l’IA, elle doit aussi penser reclassement, anticiper les transformations, construire avec les salarié·es une stratégie claire et durable. Car les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’IA pourrait automatiser jusqu’à 70 % des activités. Ce n’est plus une vague au loin, elle est déjà sur nous.
L’IA, entre promesse et risque
On pourrait croire que les machines vont nous remplacer, que tout est joué. Mais refuser le fatalisme, c’est essentiel. L’IA ne doit pas nous voler notre droit à penser, rêver ou choisir. Elle peut, au contraire, nous libérer des tâches répétitives et redonner du temps à ce qui compte vraiment.
Prenons l’exemple de Camille, traductrice. Avant, elle passait plusieurs jours sur un document de 50 pages. Aujourd’hui, l’IA le traduit en quelques secondes. Mais sans relecture humaine, les erreurs s’accumulent : une tournure juridique mal comprise, une différence culturelle ignorée, une expression mal traduite… Et derrière, cela peut vouloir dire un contrat mal interprété, une clause qui change le sens d’un engagement ou même un litige !
Même scénario pour les développeuses et développeurs, les comptables, la R&D, etc. Et quand il s’agit de données sensibles ou de secrets de fabrication, le danger s’amplifie. L’IA n’est pas neutre : chaque ligne de code traduit un choix humain, une responsabilité humaine.
Pour une IA au service de l’humain
Refuser le progrès n’a pas de sens. Les exosquelettes ou l’IA embarquée peuvent soulager les corps, améliorer la sécurité. Mais il faut que les salarié·es aient leur mot à dire. Sinon, c’est la noyade assurée.
Les dangers sont réels :
- une IA qui décide à ta place, surveille, ou efface les pauses et les imprévus ;
- une IA qui creuse les inégalités entre les personnes qui surfent et celles qui coulent ;
- une IA énergivore, plus polluante qu’une usine à charbon.
Il faudra trouver un équilibre :
Technologie ↔ Planète
Efficacité ↔ Respect
Innovation ↔ Humanité
Automatisation ↔ Reconversion
Performance ↔ Robustesse
Et, surtout, préserver notre esprit critique. Car le vide politique actuel laisse l’initiative à celles et ceux qui avancent sans cadre. L’IA n’attendra pas le prochain débat parlementaire. Elle est déjà là. Alors, organisons-nous !
Nos revendications
📢 Transparence totale sur tous les projets IA.
📢 Formation pour toutes et tous, dès maintenant.
📢 Droit à l’autoformation reconnu sur le temps de travail.
📢 Dialogue continu et humain entre salarié·es et direction.
📢 Redéfinition des postes avec et pour les salarié·es.
📢 Maintien du pouvoir de décision humain.
📢 Respect de la planète dans tous les usages IA.
Ensemble, sur la même vague
L’IA n’est pas une tempête à subir, mais une vague à apprendre à surfer, ensemble. Le problème, c’est que tout le monde n’est pas au même endroit sur la plage : certain·es sont déjà dans l’eau, d’autres hésitent encore sur le sable. Si on avance chacun·e de notre côté, la vague nous dépassera. Mais si on s’élance ensemble, on pourra la maîtriser et choisir où elle nous emmène !
Il est donc temps de se positionner. Pas pour bloquer – c’est vain – mais pour accompagner, encadrer, humaniser. Personne ne doit être laissé de côté. Et on fera tout pour que cela ne reste pas un vœu pieux.
SOURCES :
https://www.arte.tv/fr/videos/114598-000-A/l-intelligence-artificielle-un-tsunami-sur-le-web